RDC : « Guichet unique, un très grand frein à l’entrepreneuriat féminin » dixit Betty Mulanga
Le guichet unique créé pour faciliter la création d’une entreprise en trois mois, devient aujourd’hui un casse-tête pour les entrepreneurs congolais en général et l’entrepreneuriat féminin en particulier.
Dans une interview exclusive accordée au Réseau des Journalistes pour la Promotion des droits des Femmes, RJPF , sur l’état de lieu de l’entrepreneuriat féminin en République Démocratique du Congo, Betty Mulanga, présidente du Consortium national de plaidoyer et de sensibilisation pour l’Entrepreneuriat Féminin (CONAPSEF), a indiqué d’entrée de jeu que bien qu’il y a éveil de conscience sur l’entrepreneuriat féminin, il y a encore des femmes qui demeurent dans l’informel faute de formation et d’informations. Et ce, avant d’ajouter que sa structure s’y met pour ramener la gente féminine au formel.
« L’entrepreneuriat féminin se porte à merveille parce-qu’aujourd’hui il y a éveil de conscience. Beaucoup de femmes notamment celles qui ne travaillaient pas et celles qui sont dans l’administration, sont quand-même dans le business. L’entrepreneuriat féminin est devenu un concept réaliste et tout le monde s’y met. La difficulté que nous connaissons ce que la grande partie de ces femmes sont dans l’informel, soit par manque d’informations ou par peur de taxes et impôts à payer à l’État. Une petite partie seulement est dans le formel », a-t-elle déclaré au rjpf-rdc.org, avant d’ajouter le travail qu’abat le CONAPSEF.
« Notre rôle est justement de former et informer ces femmes sur le formel. Et là, nous sommes dans un séminaire de préparation d’un Plaidoyer auprès de décideurs pour leur montrer les freins et les contraintes autour de l’entrepreneuriat féminin ».
Guichet unique, un très grand frein
Par ailleurs, Betty Mulanga qui est en contact permanent avec les femmes entrepreneures du Congo a indiqué que ces dernières déplorent le mauvais service du guichet unique.
Créé dans le but d’obtenir les documents requis pour la création d’une entreprise, dans trois jours, le guichet unique est devenu un calvaire pour les femmes.
« Il n’y a plus de respect de délai dans l’obtention des documents au guichet unique. Ce dernier ne délivre que le RCCM. Quant à l’identité nationale et le numéro d’impôt il faut les trouver ailleurs, notamment au secrétariat de l’économie et à la Direction générale des Impôts (DGI). Et ces derniers documents arrivent plusieurs mois après. Ce qui bloque du coup, le business. Pour s’adapter au système Ohada, on nous a parlé de 3 jours d’obtention de tous les documents au guichet unique, nous l’avons vécu pendant peu de temps seulement mais aujourd’hui, plus rien. Ça freine l’entrepreneuriat féminin », a dit la présidente du CONAPSEF.
Colère, découragement, retour à l’informel
Pour Betty Mulanga, également formatrice des femmes entrepreneures, le calvaire auquel soumet le guichet unique, décourage les femmes qui préfèrent retourner à l’informel.
« Nous avons formé les femmes de quitter l’informel pour le formel. Nous leur avons parlé de tous ces documents qu’elles auront en trois jours seulement. Mais en pratique, ces femmes reviennent vers nous et nous disent que nous leur avons menti car au guichet unique, il n’y a que le RCCM. Pour ouvrir un compte bancaire, on vous exige le RCCM, l’Identification nationale et numéro d’impôt. Du coup, les femmes sont découragées et préfèrent retourner à l’informel car là, il n’y a pas de demande des documents. Une perte pour le trésor public « , a déploré la présidente du CONAPSEF Betty Mulanga.
Notez le CONAPSEF s’est donné pour mission de former et d’informer les femmes entrepreneures sur le droit. Et ce, afin de préparer un plaidoyer à présenter aux décideurs pour résoudre cette question qui freine l’évolution de l’entrepreneuriat féminin en RDC.
Liévin LUZOLO